Éclairage

Contraction du marché, hausse des taux, intérêt de l’investissement locatif

17/07/2023

Tour d’horizon de la situation immobilière avec Thomas Prud’Homoz notaire associé.

Le marché semble se contracter depuis quelques mois. Quelles sont les raisons de cette tendance ? 

Le marché de l’immobilier connaît en effet une contraction significative depuis quelques mois. La hausse des taux est la principale raison de ce phénomène. En effet, les taux ont quadruplé en 18 mois, et ils devraient atteindre 4 % en septembre. Les vendeurs sont donc confrontés à des acquéreurs qui doivent faire face à des coûts de financement élevés.  

Cette baisse du volume des transactions est aussi liée au fait que bien souvent les vendeurs refusent de baisser le prix de leur bien. Une phase d’ajustement se produira si les vendeurs consentent à baisser leurs prix, et si les acquéreurs acceptent de revoir leurs prétentions à la baisse. 

 

Après plusieurs années marquées par des records de transactions immobilières, doit-on redouter une baisse significative des ventes pour 2023 ?  

De façon incontestable, 2023 est une année au cours de laquelle le nombre de transactions baisse. Nous ne savons pas encore ce qui se passera dans les mois à venir. Peut-être que l’ajustement évoqué précédemment interviendra en fin d’année, bien que rien ne le laisse présager pour l’instant. 

Il faut aussi garder à l’esprit que nous avons connu une séquence exceptionnelle en termes de volume de ventes. En particulier 2022 qui fut une excellente année. Quant à la hausse des taux, il convient de relativiser. N’oublions pas que par le passé, nous avons connu des périodes avec des taux à deux chiffres. 

 

Quels secteurs restent dynamiques ? 

L’immobilier de luxe est plutôt épargné par cette tendance baissière. En principe, les biens d’exception ne sont pas sujets à des baisses de prix. En outre, leurs acquéreurs ne sont pas confrontés à la problématique de la hausse des taux. La plupart du temps, ils sont en mesure de pouvoir acheter comptant.  

 

L’investissement locatif est-il encore pertinent ? 

L’intérêt d’une telle opération varie en fonction du coût de l’investissement initial et des revenus que celui-ci génère. Il faut aussi prendre en considération la ville dans laquelle le particulier envisage d’investir. 

Si l’on prend l’exemple de Paris, ville dans laquelle les prix restent très élevés, l’investissement initial reste conséquent. De plus, les bailleurs doivent composer avec l’encadrement des loyers. In fine, le rendement est moins intéressant. Par ailleurs, le coût fiscal d’une telle opération reste important. 

 

Le 5 juin dernier, Elisabeth Borne a annoncé la prolongation de la revalorisation exceptionnelle du taux d’usure jusqu’en 2024. Cette mesure a-t-elle permis de favoriser l’accès au crédit des particuliers depuis le début de l’année ?

Sans cette mesure facilitant l’accès au crédit, le marché aurait été totalement gelé car les banques n’étaient plus en capacité de prêter aux particuliers. Il faut toutefois garder à l’esprit que cette revalorisation est à double tranchant. Si elle entraîne une hausse des prêts accordés, elle vient déplafonner le coût du crédit. Toutefois, cette mesure continuera sans doute à faciliter l’obtention de crédit pour les ménages dans une période durant laquelle le marché se raisonne fortement.